280 €/1 000 L EN 2009 Le mécontentement dans les campagnes ne faiblit pas
Durant tout le mois de juin, les réunions pro-grève du lait se sont multipliées, notamment dans l'Ouest.
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La grève du lait aura-t-elle lieu ? La décision devait être prise le 8 juillet, à Zurich, par l'European Milk Board, qui rassemble les producteurs de quatorze pays. En France, l'OPL (Coordination rurale) et l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants) en sont adhérentes. Quels seraient son ampleur et son impact ? « Le mouvement pèsera si l'Allemagne et la France le mènent ensemble. Tout dépend donc de la mobilisation des producteurs de lait français », lançait Stephan Lehman, du syndicat allemand BDM, le 24 juin, à Saint-Hilaire-du-Harcouët (Manche), aux 1 500 producteurs venus s'informer ou déjà convaincus de la nécessité d'une grève. La veille, ils étaient 1 200 à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et- Vilaine). « Les producteurs de lait français attendent la décision du grand Ouest », a renchéri Pascal Massol, président de l'Apli.
Et c'est vrai que la mayonnaise semble prendre dans l'Ouest : banderoles pro-grève le long des routes, messages SMS, internet. « On n'imaginait pas une telle mobilisation il y a encore quelques mois », confiait André Lefranc, délégué de l'Apli en Basse-Normandie.
L'électrochoc du prix du lait d'avril et celui décidé pour 2009 ont dopé le mouvement. L'accord sur le prix du lait ne passe pas. Le 5 juin, l'interprofession nationale a proposé un prix de base 2009 de 280 €/1 000 l, pour 20 % de produits industriels (PI) dans le mix-produits des industriels. Il baisse à 272 €/1 000 l pour 30 % de PI et à 262 €/1 000 l pour 40 %. Dans le meilleur des cas, cela se traduit en Bretagne - Pays de la Loire par un prix de base de 249,57 €/1 000 l en mai et de 251 €/1 000 l en juin, loin des coûts de production. Encore plus loin pour les Entremont qui recevront moins de 210 €/1 000 l en mai et juin.
Pour la FNPL, la grève est inefficace et dangereuse
« Nous demandons une baisse immédiate du quota laitier européen de 5 % pour mettre en phase la production laitière et les besoins du marché », exprime Pascal Massol. L'EMB revendique aussi un prix du lait « juste et équitable » de 400 €/1 000 l et, plus globalement, une gestion plus souple des quotas laitiers. À la FNPL, on alerte depuis plusieurs mois sur les dangers et l'inefficacité d'une grève du lait.
« Quel pourcentage du lait produit actuellement en France est valorisé pour être payé 400 €/1 000 l? Sans doute pas plus de 25 %.
Une grève n'aura pas d'effet sur l'économie laitière actuelle. Quant à faire pression pour que la Pac change de cap, qui peut encore y croire ? Cette politique concerne toutes les productions, pas seulement le lait. Elle date de 1992 et n'a jamais été infléchie. » Et plutôt que jeter son lait, le syndicalisme majoritaire demande aux éleveurs de s'organiser.
« Il faut des structures de producteurs fortes, capables de peser face aux industriels », affirme Maurice- Henri Gobaille, président de Laitnaa, jeune coopérative qui a repris il y a quinze mois la collecte du site de Nestlé-Boué (Aisne). Cette expérience le conforte dans l'idée d'une gestion de la collecte à l'échelle d'un grand bassin de production.
« Cela évite d'être dépendant d'un seul transformateur et permet de mutualiser les différentes valorisations des clients. » Dans l'accord du 5 juin, les trois familles de l'interprofession se sont engagées aussi à définir le cadre d'une contractualisation pour le 1er janvier 2010. Les pouvoirs publics et certaines entreprises privées poussent dans ce sens.
D. GREMY ET C.HUE
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